Sans VHF, il donne l’alerte grâce à WhatsApp

Un skip­per alle­mand dési­rait rejoindre l’Es­pagne à bord de son voilier. Une panne le contraint à solli­ci­ter l’aide de son épouse via l’ap­pli­ca­tion What­sApp, qui va servir d’in­ter­mé­diaire avec les secours français.

À bord de la vedette "SNS 460 Cap Lévy II", mesurant 9 mètres de long, les sauveteurs SNSM de Fermanville ont récupéré le skipper et son voilier. © SNSM

La nuit tombe sur les côtes nord du Coten­tin, le vendredi 11 mars 2022, lorsque le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Gris-Nez reçoit, à 19 h 17, un appel dont les infor­ma­tions sont peu précises, prove­nant d’Al­le­magne. « Mon mari m’a appe­lée par What­sApp. Il est tout seul sur un grand voilier avec son moteur en avarie devant le port de Cher­bourg et a besoin d’aide. »

Le veilleur du CROSS finit par obte­nir plus d’élé­ments auprès de l’épouse, très inquiète, en parti­cu­lier le nom du bateau, sa taille approxi­ma­tive et une confir­ma­tion qui va tout  compliquer : le plai­san­cier n’a pas de radio VHF à bord, on ne peut donc commu­niquer avec lui que par son télé­phone – dont la batte­rie commence déjà à faiblir – et sa femme. Le CROSS Jobourg prend en charge la coor­di­na­tion de l’opé­ra­tion, diffuse un appel à tous les navires alen­tour et demande à la chaîne séma­pho­rique de cher­cher sur ses écrans radar un écho pouvant corres­pondre au voilier. Heureu­se­ment pour ce dernier, en ce début de soirée, la plupart des pêcheurs sont rentrés au port et il fait encore trop frais pour beau­coup de plai­san­ciers, ce qui faci­lite les recherches sur l’eau.

À 19 h 40, le cargo Clip­per signale un visuel sur un voilier au nord de Barfleur, pendant que le mari fait état à son épouse de sa grande fatigue, de son avarie et de son besoin d’as­sis­tance. Il est 19 h 52 lorsque le ferry Coten­tin de la Brit­tany Ferries informe de la présence d’un bateau aux voiles vacillantes dans la zone de recherche. Le CROSS demande alors à la station SNSM de Ferman­ville d’ap­pa­reiller pour s’as­su­rer qu’il s’agit du navire en ques­tion. La vedette SNS 460 Cap Lévy II appa­reille à 20 h 17, mais ne peut toujours pas contac­ter le skip­per désem­paré, sans VHF. Le patron rappelle : « Avoir un moyen de commu­ni­ca­tion à bord est essen­tiel pour échan­ger avec les secours. » À 20 h 47, trois équi­piers parviennent diffi­ci­le­ment à embarquer sur Sanc­tion, le voilier : deux  chutent sur le pont, déséqui­li­brés par leur lourd sac médi­cal. Le skip­per, très fati­gué et déso­rienté, ne parle pas un mot de français, et peine à échan­ger en anglais. Les sauve­teurs constatent que le voilier pâtit d’une absence propul­sion – voiles déchi­rées et moteur hors service –, cause de l’épui­se­ment du skip­per. Ils passent une remorque et le convoi fait route sur Cher­bourg, qu’ils rallient à 00 h 18. La vedette sera de retour à sa station à 01 h 24 et aucun équi­pier ne rega­gnera son domi­cile avant 3 h 30, car il faut encore rincer la vedette, ses moteurs et son trac­teur.

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !


Équi­pages enga­gés

Vedette légère SNS 460 Cap Lévy II

Patron : Jean-Pierre Geis­mar

Sous-patron : Cyril Le Gat

Équi­piers : Chris­tophe Beau­mont, Anthony Le Gat, Jean-Louis Le Ridant, Stéphane Lema­gnen, Yann Lepar­men­tier


Article rédigé par Étienne Devailly, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°160 (2ème trimestre 2022)